17 Nov
17Nov

Une agilité incomprise ou de façade

En 2017, j’avais écrit un article indiquant que pour se rendre attractive auprès des nouvelles générations, une entreprise devait devenir agile. 

Être agile signifiant pour moi appliquer les principes et valeurs du manifeste et non pas être agile parce que l’entreprise développe des solutions IT par itérations avec des équipiers qui discutent tous les matins. 

7 ans après mon article, le terme « agilité » est, il me semble, beaucoup trop employé (un peu « à toutes les sauces ») et avec incompréhension. 

A l’origine, l’agilité est un terme venant de l’IT. Il est lié au développement logiciel. Il s’agissait de mettre en place (par des développeurs et pour des développeurs) une autre forme de gestion de projet, plus efficace et plus satisfaisante pour les clients. 

Les informaticiens agilistes avaient pris conscience de la nécessité de privilégier ce qui fait du sens : la création de la valeur métier ET la valorisation des individus, au service d’un projet collectif. Ils ont œuvré dans ce sens. Transparence, esprit d’équipe, collaboration, communication, simplicité, efficacité et bien sûr adaptation étaient les idées clés défendues par les agilistes. 

En 2017, je pensais que bien que réservée, pendant un temps, aux équipes IT, l’agilité sortait désormais de plus en plus du cadre informatique pour s’adresser de façon générale à tous les niveaux de l’entreprise. En effet, transposer le mode d’organisation du travail Agile à une entreprise dans sa globalité permettait d’en déployer les avantages à toutes les entités.

7 ans après, je constate à quel point j’étais optimiste. ☹️ 

En 2024, mon constat est que l’agilité reste principalement un mode de fonctionnement de développeurs pour les développeurs. 

Être agile signifie développer des solutions informatiques adaptées aux besoins changeants des utilisateurs et ce afin d’apporter régulièrement de la valeur. 👍 

Mais il me semble, hélas, que l’idée d’être agile afin de valoriser les individus effectuant le développement de ces solutions a été oubliée en cours de route. (Combien d’informaticiens soufrent au quotidien d’une mauvaise application des valeurs et principes agiles ?) 👎

Je reste cependant convaincue qu’une entreprise si elle veut continuer à attirer et conserver les talents indispensables à sa performance et à sa pérennité se doit de devenir agile. Mais vraiment agile !

Une entreprise agile à tous les étages

L’agilité part du principe qu’il est inutile (car perte de temps et d’énergie) de vouloir disposer d’un plan fin et précis, totalement fixé par avance. Une vision doit être définie et partagée par tous. Il faut ensuite s’autoriser à faire évoluer le chemin pour l’atteindre en avançant étape par étape et en validant chacune d’elles, au fil de l’eau, tous ensemble. Les collaborateurs comprenant les enjeux de leur travail sont plus motivés et engagés.

Historiquement, l’entreprise était constituée d’un bloc unique avec une hiérarchie centralisée. Une entreprise agile a cassé ses silos et regroupé les compétences de ses collaborateurs dans de petites unités capables de produire de bout en bout un service ou un produit. En parallèle – en mode matriciel – des groupes de partage des savoirs réunissent les professionnels d’une même spécialité pour coordonner leurs pratiques et partager leurs apprentissages. 

Ces unités sont très connectées entre elles et partagent les mêmes valeurs, les mêmes processus et n’ont qu’un but, celui d’évoluer dans la même direction. L’échange et le partage d’informations entre ces entités se font très rapidement. 

Le rapprochement des compétences multiples, pluridisciplinaires, dans les équipes forme ainsi un terreau très propice au développement de solutions novatrices et à la montée en compétences des collaborateurs.

Une organisation agile voit donc la création de multiples réseaux, formels ou informels, assurant la cohérence et la cohésion de l’ensemble. L’information circule en toute transparence et l’interdépendance oblige à un esprit de partage du pouvoir, d’autonomie et de coopération et de confiance.

Une transformation culturelle et organisationnelle 

L’agilité n’est pas une recette ou une formule magique mais une véritable transformation culturelle et structurelle des entreprises. Chaque collaborateur, à tous les échelons de l’entreprise, se doit de porter les valeurs Agiles et d’en avoir les comportements : 

- Communication, en toute transparence 

- collaboration, solidarité et disponibilité : chacun est tourné vers l’autre et cherche à aider son collègue à progresser 

- autonomie, responsabilité et sens de l’engagement : chacun prend des initiatives, propose des solutions, innove, sans attendre passivement les directives de sa hiérarchie 

- assertivité, confiance et droit à l’erreur : chacun accepte de reconnaître une erreur car il sait que chacun de ses collègues est bienveillant. Les erreurs ne sont ni jugées, ni sanctionnées. 

- Exemplarité : chaque membre de l’entreprise est lui-même porteur de valeurs. Il les respecte, les partage et les fait respecter.

Conclusion

Alors, relever de nouveaux défis ensemble, veiller aux bonnes relations entre individus, s’amuser en travaillant, suivre des leaders choisis pour leurs compétences et non des managers imposés par une hiérarchie, être autonomes et travailler en réseaux, se faire confiance collectivement pour s’adapter et réussir … C’est ça l’agilité pour moi. L’esprit agile plus important que les pratiques et méthodes mises en place.

Crédit photo : ©Manon Pothin 

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